Depuis que l’Ethiopie est devenue majoritairement chrétienne, les Ethiopiens ont vénéré les lieux où Jésus Christ a vécu, en Palestine mais également en Egypte et notamment la région du Mont Koskam qu’ils considèrent comme une seconde Jérusalem. Beaucoup ont quitté leur pays, attirés qu’ils étaient par ces lieux où ils viennent mener une vie de réclusion, d’ascétisme et de monachisme.
Une référence claire à la présence de moines éthiopiens dans le monastère de Koskam ou Deir Al-Muharraq (vers la fin du 4ième et début du 5ième siècle), est faite dans l’ouvrage Le Paradis des Saints Pères (Volume I, Chapitre 9, page 347), écrit par Sir Ernest Alfred Wallis Budge, égyptologue, philologue et orientaliste britannique et publié par Chatto et Windas (Londres, 1907):
« Le monastère en général, et son église ancienne en particulier, avaient une grande importance pour eux. Ils exaltent, respectent, sanctifient et vénèrent le monastère. Même ses sables étaient considérés comme une bénédiction par le simple fait que l’Enfant Jésus Christ les avait foulés. Les mots sont incapables de décrire à quel point ils vénéraient le monastère. Les manuscrits préservés dans leurs monastères, attestent des nombreux miracles que la Sainte Vierge Marie a accomplis au monastère de Koskam ».
Carlo Conti Rossini, orientaliste Italien du début du 20ième siècle et spécialisé en manuscrits éthiopiens, a déclaré que la communauté monastique éthiopienne du Mont Koskam au 14ième et 15ième siècle, était très active et vitale. Elle était constituée d’une trentaine de personnes environ, y compris des moines, des higoumènes et des diacres. La communauté éthiopienne était tellement appréciée que le roi éthiopien Sayfa Arad (1935) avait voulu l’honorer en lui offrant des évangiles.
L’histoire cite que certains de ces moines avaient été martyrisés, dont le moine Arsanios (ou Archilède dans certains manuscrits) qui devint martyr à l’époque du Pape Matthieu le Grand d’Alexandrie (1378-1408).
Il est dit également que l’Impératrice Mentowab (Belle, Merveilleuse) d’Ethiopie, qui a abdiqué le trône en faveur de son fils Iyasu II (Jésus, 1730 -1755), avait visité le monastère de Koskam ou Deir Al-Muharraq au 18ième siècle. Emportant le sable du monastère avec elle en repartant, elle l’avait mélangé aux matériaux de construction d’une grande église bâtie par son fils Iyasu II en 1738.
Située dans la ville éthiopienne éponyme de Koskam, l’une des agglomérations principales du district de Gondar, l’établissement fut baptisé l’Église du Monastère de Koskam. L’Église éthiopienne a également instauré un jeûne de 40 jours, connu comme le jeûne de Koskam et qui a lieu du 26 du mois copte Tout au 5 Hâtour. Le 6 Hâtour est d’ailleurs le jour de la fête de la consécration de l’église de la Sainte Vierge Marie au monastère de Koskam en Egypte.
Quand le nombre de moines éthiopiens s’était accru dans le monastère égyptien, ces derniers avaient fait construire leur propre église pour y faire les prières rituelles dans leur langue d’origine. La plus ancienne église éthiopienne connue en ce temps-là était celle de Saint-Jean Baptiste adjacente à l’église de la Vierge Marie. L’église Saint-Jean Baptiste avait dû être enlevée pour élargir l’ancienne église de la Vierge Marie et construire sa nef extérieure. Une nouvelle église pour les 40 moines Éthiopiens, présents au 19ième siècle, avait alors été bâtie au-dessus de celle de la Vierge mais, craignant des problèmes structurels pour le vieux bâtiment, elle avait par la suite été retirée dans les années 1930.
Le nombre de moines éthiopiens n’a cessé de décroitre dès la guerre italo-éthiopienne, de 1936 à 1948, mais également à cause des conflits au sud du Soudan où les moines passaient pour arriver à pied jusqu’au Mont Koskam.
Le clergé éthiopien se rappelle toujours que les évêques choisis par l’Eglise-mère copte d’Ethiopie avaient été sélectionnés, pour la plupart, parmi les moines du monastère de Koskam ou Deir Al-Muharraq. Ainsi les Ethiopiens gardent toujours le monastère dans la plus haute estime, sachant les liens indéfectibles qui les y rattachent.