L’église la plus ancienne du monastère de Deir Al-Muharraq, est l’église de la Sainte Vierge Marie. Elle a une structure unique et simple qui demeure la même malgré les différents travaux de maintenance, modification et rénovation qui y ont été entrepris au cours de son histoire. Elle ne peut être catégorisée sous aucun des styles architecturaux ou géométriques de l’art Copte. En d’autres mots, elle se distingue par son manque de sophistication, le dénuement et l’authenticité de son dessin architectural, construit à partir de briques séchées au soleil. Ses murs sont asymétriques et arborent aucunes décorations, gravures ou bigarrures, ni aucuns ornements ou dessins antiques coptes orthodoxes.
Le Sanctuaire
Le Sein du Père est incurvé en demi-cercle à l’angle-est du sanctuaire, symbole de l’amour du Seigneur pour son église et l’attente de celle-ci de son arrivée. Deux chambres de chaque côté du sanctuaire, et qui figuraient dans le rite initial de l’église, ont été bâties dans un style encore plus simple que le reste du bâtiment. La chambre gauche (nord) est une sacristie, utilisée par le clergé comme vestiaire et n’a pas de porte donnant sur la nef. La chambre droite (sud) est, elle, réservée aux diacres et là où sont gardés les objets de la Sainte Communion. On y trouve également une petite fosse au bas du mur-est, pour y vider l’encensoir à la fin du service liturgique.
A noter qu’au cours de la rénovation de l’église en 2000, on a découvert que le mur-est n’était en fait pas un seul mur mais deux, avec un espace au milieu assez large pour une personne ainsi qu’une ouverture donnant sur la chambre-sud du sanctuaire. Selon les rites ecclésiastiques, quatre piliers doivent être érigés autour de l’autel pour symboliser les quatre évangélistes. Toutefois, et dû à l’espace restreint du sanctuaire, seuls trois piliers y ont été construits, fixés aux murs de droite et de gauche. Un quatrième pilier sera ajouté plus tard, au cours de la même restauration.
Trois dômes avaient de même été ajoutés au 16ième siècle, au-dessus du sanctuaire et des deux chambres latérales.
L’Autel
De forme cubique mais non équilatérale, c’est la structure la plus significative de l’église. L’autel est recouvert d’une plaque en marbre au bout arrondi, avec une inscription en grec datée du 15 du mois copte de Kyahk (ou le 11 décembre 746, selon le calendrier en vigueur à l’époque). Le bout arrondi de la plaque est d’une forme inhabituelle qui distingue les autels coptes antiques d’Egypte. Cette forme semi-circulaire est une ancienne convention copte orthodoxe qui est apparue au départ dans les icônes de la Cène, sur lesquelles la table est dépeinte comme étant également arrondie.
Selon la tradition de l’Eglise Copte, l’autel de l’église de la Sainte Vierge Marie est situé « au beau milieu de la terre d’Egypte », accomplissant ainsi la prophétie d’Esaïe: « En ce jour-là il y aura un autel à l’Eternel au milieu du pays d’Egypte, et une enseigne dressée à l’Eternel sur sa frontière », Esaïe 19: 19.
Les entrées du sanctuaire sont toutes basses, obligeant les paroissiens à baisser la tête pour entrer, en signe d’humilité et de respect pour la maison du Seigneur.
Les lampes à huile et les œufs d’autruches
Si l’église est considérée comme un symbole des Cieux, les lampes à huile et bougies représentent les étoiles, car si la voûte terrestre est parsemée d’étoiles, il doit en être de même pour le firmament spirituel.
Les lampes sont placées en face des icônes pendant le service liturgique et brûlent grâce à de l’huile d’olive pure, comme Jésus Christ qui brille au travers de ses Saints. Aujourd’hui, la seule lampe qui reste est celle sur le mur-est du sanctuaire. Elle reste toujours allumée pour ne jamais se servir d’un feu externe et en accord avec l’instruction du Seigneur à Moïse d’avoir des lampes à huile constamment enflammées (Exode 27: 20-21). Elle représente également l’étoile qui a guidé les rois mages, venus d’Orient donc de l’Est.
Les œufs d’autruches, eux, symbolisent la providence divine et la résurrection du Seigneur.