Le plafond du premier chœur possède un dôme central flanqué de deux demi-dômes de chaque côté. Il s’agit là de l’un des styles architecturaux les plus communément utilisés dans la construction des anciennes églises. Le chœur est peint de fresques murales qui, grâce à leurs couleurs et leur état de conservation, sont considérées comme les plus rares et les plus importantes subsistant à ce jour dans les monastères d’Wadi El-Natrun. Ces fresques qui datent du Xe siècle, dont celle de la Vierge Marie, sont uniques. Il n’existe aucune fresque ou icône semblables, ni dans ce style ni de cette taille, en Egypte. La fresque la plus au sud représente l’Annonciation et la Nativité, alors que celle au nord dépeint l’Assomption de la Sainte Vierge. Il y’a également la plaque commémorative d’Anba Johannes Kama; elle raconte le résumé de sa vie et note le jour de son décès, et son transfert au monastère.
Peinture de la Vierge Marie (La mère qui allaite)
Sur la colonne de droite, à l’entrée du sanctuaire principal de l’église des Syriaques, on trouve une peinture découverte en 1996, considérée comme la première des peintures mises à jour dans cette église. Elle incarne la Vierge Marie, la mère qui allaite son enfant le Seigneur Jésus. Ce qui attire l’attention là est la présence de cette peinture sur le côté droit du sanctuaire, alors que normalement c’est l’icône du Christ qui devrait se trouver à droite et celle de la Sainte Vierge portant l’Enfant Jésus à gauche. Mais cette règle a été compétemment modifiée dans ce chœur et on ne sait toujours pas la raison. Cette scène est représentée sur un fond bleu foncé entouré de noire, rouge et orange; elle montre la Vierge Marie la Reine assise sur un trône décoré de manière exquise, avec un coussin rouge. La Vierge porte une tunique bleue et une écharpe bleue tirant sur le vert et ornée de petites croix. Ses yeux regardent droit devant elle et sa tête est entourée d’une auréole de lumière de couleur jaune. Elle soutient l’Enfant Jésus sur son bras droit, tandis que de sa main gauche, elle soutient sa poitrine, qui a été représentée par une petite image artificielle, non naturelle. En haut de sa tête, une inscription en langue copte qui peut se traduire par « la Sainte Marie ».
Saint-Serge et Saint Bacchus
Une autre peinture a également été découverte sur la demi-colonne adjacente à la précédente, sur laquelle se trouve la représentation de la Vierge la Mère. Elle jouxte la porte en bois du sanctuaire, construite en 914 après J.C., et elle est partiellement cachée par celle-ci. On y voit un jeune homme imberbe, debout, portant des vêtements bleus avec une courte tunique rouge. D’après l’image, il semblerait qu’il soit militaire (un soldat ou un prince) car il porte une ceinture attachée à un fourreau rouge dans lequel se trouve une épée qu’il tient de la main gauche. Sa tête est entourée d’un halo jaune avec, tout autour, une ligne noire parsemée de points blancs. Les cheveux du saint semblent être longs, mais ses traits sont sombres et flous, et ses yeux regardent droit devant. En recherchant le nom du saint, on n’a trouvé que les dernières lettres de son nom, écrites en langue grecque dans un espace vide à sa droite. Ce qui indique que le nom avait plusieurs lettres; celles que l’on voit sont I, O et S, qui sont les suffixes de certains patronymes coptes et grecs, comme les prénoms suivants : Georgios, Sergios ou Demetrios. Et l’on sait que dans l’iconographie ancienne, les saints guerriers étaient toujours représentés comme de jeunes hommes imberbes debout, et non pas montés sur des chevaux. L’espace à droite du saint étant assez petit, cela semblerait confirmer qu’il s’agisse là de Saint-Serge, car son nom est le plus court de ceux susmentionnés. Les chercheurs ont confirmé qu’il existe une grande similitude entre le style de cette peinture et celle de la Vierge Marie qui allaite, ce qui pourrait la dater de la seconde moitié du VIIe siècle après J.C. La couronne de la colonne sur laquelle le saint est représenté est de forme conique et décorée de deux halos rouges et des branches vertes. La colonne a été restaurée et remodelée par une mission Hollandaise de 1997 à 1998. De l’autre côté de la porte du sanctuaire, au même niveau et sur la demi-colonne opposée, on peut voir les restes d’une image représentant un autre saint guerrier qui se tient également debout. Bien qu’une grande partie du dessin ait été effacée, il est encore facilement reconnaissable. Il ressemble beaucoup à l’image d’en face sur le côté droit de la colonne en termes de dessin, de couleurs et des habits. Il porte des vêtements bleus avec une tunique rouge par-dessus. Il semble qu’il soit un soldat parce qu’il porte sa ceinture à laquelle est également suspendue une épée dans sa gaine rouge qu’il saisit avec sa main gauche. Autour de sa tête, on retrouve une partie d’un halo lumineux cerné de rouge; ses yeux larges et perçants regardent vers l’avant, symbolisant la clairvoyance et la pensée spirituelle profonde. Ainsi, les images des deux saints sont parfaitement symétriques. Comme le premier saint a été identifié comme étant Saint-Serge, il est très probable que le second soit son compagnon Saint-Bacchus, car ils sont généralement représentés comme deux jeunes soldats guerriers. On dit que leur présence à cet endroit prouve qu’ils sont les gardiens du sanctuaire de l’église. Cette scène remonte également au milieu du VIIe siècle après J.C.
La Fresque de l’Annonciation et de la Nativité
La fresque de l’Annonciation et de la Nativité est située dans la moitié basse de la coupole du premier chœur de l’église des Syriaques; elle est peinte selon les canons de l’art syriaque et remonte au XIIIe siècle après J.C. Divisée en deux parties de tailles égales, la section qui représente la scène de l’Annonciation est à l’est et celle de la Nativité à l’ouest. Scène de l’Annonciation : Dans cette scène, la Vierge Marie se tient devant l’ange Gabriel et regarde vers le bas tandis que l’Archange la regarde et la salue en langues syriaque et copte : « Je te salue, Comblée de grâce, le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre les femmes », comme indiqué dans l’Évangile de notre maître Luc (1:28). Scène de la Nativité : Elle est dans la partie ouest de la demi-coupole où apparaît la Vierge Marie assise sur un coussin, et où est écrit au-dessus d’elle en langue syriaque «Marie, Mère de Dieu». Devant elle se trouve l’enfant Jésus, dont la tête est entourée d’un halo lumineux. Joseph le Charpentier se tient à côté d’eux, dépeint comme un vieil homme à barbe blanche. Dans un coin du tableau, on voit une scène représentant les Rois Mages; dans un autre coin, une scène représentant les bergers; en haut, on lit sur une plaque inscrite en langue syriaque: «Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre des hommes, qu’Il aime», comme indiqué dans l’Evangile (Luc 2:14).
La Fresque de la Nativité
La scène de la Nativité se trouve dans le demi-dôme nord du premier chœur de l’église des Syriaques; elle remonte au VIIe siècle après J.C. Au centre, apparaît la Vierge Marie assise sur une chaise et portant le Seigneur Jésus Christ. Un rayon descendant du ciel illumine sa tête et deux anges se trouvent entre le ciel et sa tête, de part et d’autre. Ceci nous confirme bien que la Vierge Marie représente le deuxième ciel et le véhicule chérubinique. À la droite de la Vierge se tient un ange guidant Trois Mages, et à sa gauche un autre ange prêchant à trois bergers. Cette scène incarne les événements survenus à Noël, mentionnés dans les évangiles de nos maîtres Mathieu et Luc. La position de la Vierge portant l’Enfant Jésus rappelle la célèbre Mère de Dieu de Vladimir (Théotokos), l’une des icônes orthodoxes les plus vénérées de Russie et qui relie la doctrine de l’Eglise et la Bible.
Les Saints Apôtres Luc et Barnabas
Sur le mur-nord du premier chœur de l’église des Syriaques, dans la moitié inférieure du demi-dôme qui représente la naissance du Christ, se trouve une superbe scène représentant deux apôtres, Saint-Barnabas à droite et Saint-Luc à gauche. Leurs identités sont d’ailleurs évidentes, leurs noms étant inscrits en copte sur un fond noir ou bleu foncé recouvert d’une couche de couleurs de cire, ce qui les différencie des autres inscriptions qui s’écrivaient sur un fond blanc.
Le dessin ici les représente debout avec un halo de lumière autour de leurs têtes. Saint- Luc porte une toge brune avec, en dessous, une tunique rouge brodée. Il tient dans la main gauche le Livre Saint orné d’une croix et de la main droite sa toge. Quant à Saint-Barnabas, il porte une toge rouge avec, en dessous, une tunique bleue et tient un rouleau dans la main gauche. Les deux hommes ont une courte barbe noire, mais aucun trait de visage n’apparaît. Au bas du tableau, on voit des dessins géométriques et végétaux; derrière les saints, se trouve une voûte soutenue en son milieu par un pilier. Cette scène remonte au VIIIe siècle après J.C.
Saint-Bassanti et Saint-Abakir
A gauche du mur-nord se trouve une représentation des saints Bassanti et Abakir qui ont pu être identifiés grâce aux écritures en langue copte inscrites à côté de leurs têtes et qui représentent leurs noms. A gauche on peut lire « Ao Agios » et à droite « Santi » pour Saint-Bassanti. Le saint représenté sur le côté gauche porte des vêtements d’évêque, c- à -d. des habits sacerdotaux ornés de croix. Il tient le Livre Saint des deux mains et sa tête est entourée d’un halo de lumière. Il a une longue barbe blanche. Le titre de « Fondateur » est inscrit à côté de lui, faisant référence à sa qualité de fondateur de la communauté monastique de Deir Al-Bahari dans laquelle il a vécu au VIe siècle après J.C. Il est né vers l’an 568 après J.C. et a été ordonné évêque en 598 après J.C.
Sur le côté droit de l’image se tient Saint-Abakir. Le mot « Abakir » est inscrit près de lui, c’est-à-dire connu comme « le médecin ». Il porte dans sa main gauche une boîte de médicaments et dans sa main droite un outil médical. Il a un halo de lumière autour de la tête et une longue barbe blanche. Il est vêtu d’une tunique rouge qui lui arrive aux pieds avec une toge blanche plus courte par-dessus. Il ressemble beaucoup à Saint-Côme et Saint-Damien.
Il s’agit là de Saint-Abakir le médecin, qui est mort en martyr à l’époque de l’empereur Dioclétien. La région d’Abou-Kir à Alexandrie porte son nom.
Anba Youssef (Saint-Joseph), un des Pères Fondateurs du Monachisme
A gauche de l’entrée du premier chœur de l’église des Syriaques, on trouve Saint-Joseph, qui apparaît sur fond vert orné d’un liseré rouge et noir. Le premier dessin, recouvert d’une couche de plâtre avec des écritures syriaques, ne se voit que partiellement. Le bas du dessin montre la partie supérieure du corps du saint avec, sur le côté gauche, une écriture en grec également recouverte de plâtre, et donc peu apparente.
Anba Apollo (Saint-Apollon)
Il est le fondateur de la vie monastique au monastère de Bawit « Deir Bawit ». Une scène a été découverte sur la colonne du mur nord-ouest dans le premier chœur de l’église syriaque. Elle révèle un moine portant une tunique rouge et une écharpe bleue. Et malgré les dommages causés à la peinture au fil du temps, ses vêtements illustrent les habits d’époque portés par les moines en haute et basse Egypte. Il est clair, sur la peinture murale, qu’il tient quelque chose dans la main.
En haut de la peinture, près de la tête, les mots« Ava Apollo » apparaissent en lettres coptes et de l’autre côté, on peut voir une grande étoile sur fond bleu. Néanmoins, il en a été déduit qu’il s’agit de Saint-Apollon, fondateur du monastère de Bawit à la fin du IVe siècle après J.C.
Bien que la plupart des éléments aient été effacés, la mission de restauration néerlandaise a tenté de travailler sur cette colonne pour la renforcer et lui redonner le même aspect qu’elle avait au VIIe siècle après J.C. La couronne et la base de la colonne ont donc été reconstruites.
Saint-Macaire le Grand
Une peinture murale de Saint-Macaire le Grand se trouve sur une demi-colonne à droite de l’entrée du premier chœur de l’église des Syriaques, du côté sud. La scène représente un moine debout avec ses mains levées, aux cheveux et la barbe gris. Sa tête, entourée d’un halo jaune, est recouverte d’un bonnet marron avec une bande à rayures noires et blanches. A gauche de sa tête se trouve le mot « Abba », qui signifie « Anba » ou « Saint » et, à droite, les restes d’écritures indistinctes qui forment sans doute les dernières lettres de son nom (pioc). On pourrait les lire, à peu près, « Macarios », ce qui explique le nom de Saint-Macaire le Grand, Père des moines.
Saint-Côme et Saint-Damien
Sur le mur-sud du premier chœur de l’église, se trouve une image qui a été confirmée appartenir à ces deux saints, par la présence de certaines lettres de leurs noms. Par exemple, il y a des lettres du nom de Saint-Cosmas (o asioc kocua), ce qui signifie Saint Cosmas ou Saint-Côme. Aussi, Les deux hommes portent certains outils médicaux qui réfèrent à eux, ainsi que deux récipients (sous forme de deux cylindres) pouvant faire référence à une petite pharmacie portative qu’ils avaient toujours sur eux, étant tous les deux médecins.
Saint-Kalta, le Médecin
Sur la partie médiane du mur-sud du premier chœur de l’église des Syriaques, un magnifique tableau a été découvert représentant une petite chaise décorée sur laquelle un saint est assis, tourné vers la droite. Il est vêtu de vêtements rouges et gris, ses cheveux et sa longue barbe sont gris également. En face de lui se tient une personne qui s’avère être un patient portant des vêtements rouges et verts. Le saint tient dans sa main droite un instrument médical avec lequel il examine les yeux du patient, posant doucement sa main gauche sur l’épaule du celui-ci. A l’arrière se trouve une troisième personne qui semble être un malade et attend que le médecin l’examine aussi. Cette personne est torse-nu, le bas de son corps recouvert de vêtements rouges. Entre le saint et cette troisième personne, se trouve une petite armoire ouverte contenant environ six bouteilles rouges et vertes, ce qui confirme bien qu’il s’agit là d’un médecin qui soigne les patients qui viennent à lui.
Le fait est qu’il n’y a aucunes inscriptions ou lettres claires qui confirmeraient l’identité du médecin représenté, mais on pense qu’il s’agit de Saint-Kalta, le médecin égyptien connu pour guérir les maladies des yeux et qui généralement était associé à des saints célèbres tels que Côme et Damien, c’est pourquoi leurs peintures figurent ici côte à côte.
Trois Saints Chevaliers
Ce dessin se trouve dans le premier chœur de l’église des Syriaques, du côté de la scène de Saint-Kalta, le médecin. Le dessin figure sur deux parties du mur montrant trois saints à cheval.
L’un d’eux se trouve sur la partie sud-est du mur et les deux autres au-dessus du sanctuaire-sud de l’église. Ces deux saints, dessinés face à face, sont inconnus car il n’y a aucune inscription qui indique leurs identités. Ils portent des habits militaires composés d’une tunique bleue et d’une toge rouge, soit la tenue d’un soldat grec ancien. Leurs visages ressemblent à ceux des princes guerriers. Celui de droite qui est debout tient une lance dans sa main.
La partie au-dessus des deux saints a été complètement démolie, c’est pourquoi leurs noms sont illisibles. Le troisième saint, lui, a été identifié. Représenté à cheval, sa peinture se trouve en haut de la fenêtre de gauche. Une personne est agenouillée sous le cheval du saint qui dirige sa lance vers sa tête. Le saint porte une robe bleu-vert avec une ceinture rouge autour de la taille. Sa tête est entourée d’un halo de lumière mais les traits de son visage sont flous. Quant à la personne à genoux sous le cheval, elle porte une couronne, indiquant qu’il ne s’agit pas d’un saint mais plutôt d’un roi ou d’un empereur.
Au-dessus du saint se trouve une inscription en copte représentant le nom de Saint-Victor (Boctor). Mais aucune écriture n’indique l’identité de ce roi ou empereur. Mais avec le nom inscrit de Saint-Victor, on pourrait déduire que cet empereur serait Dioclétien ou Romain IV. Toutefois, en se référant à l’histoire de Saint-Victor, on constate que ces derniers n’ont aucun lien historique avec lui. On a donc recherché les biographies des saints pour les comparer à l’image existante et d’après ce que l’on sait de la science iconographique moderne. De là, on est arrivé à la conclusion que le saint représenté est Saint-Mercure (Abou Sefein ou au Deux Epées) et que la personne sous le cheval est l’empereur Julien, l’ingrat. Quant à l’inscription au-dessus de la tête de Saint-Mercure, indiquant le nom de Saint-Victor, nous avons pu constater qu’elle était incorrecte. Il est évident que cette inscription ne date pas de la même époque que la peinture mais a été rajoutée plus tard, sachant que cette image remonte au VIIIe siècle après J.C.
Saint-Jacques le Jeune et un Saint Inconnu glorifient la Croix
Une magnifique image a été dévoilée dans le premier chœur de l’église des Syriaques. Bien qu’il manque la moitié de la scène, on retrouve ici la représentation de deux saints face à face, séparés par une croix dorée d’une grande beauté incrustée de bijoux sur un fond bleu foncé, entourée de cercles de couleurs variées et avec un cadre noir et des étoiles rouges. Le tout est entouré par un cercle blanc d’où partent des rayons rouges qui tendent vers l’orange, comme des flammes. Le côté supérieur droit de l’image est effacé et les traits du saint de droite ont également été oblitérés. Il semblerait que ces dégâts se soient produits lors de la restauration de l’église au XIIIe siècle après J.C.
Malgré cela, on peut tout de même voir les restes d’une personne vêtue d’une tunique bleue et d’une toge rouge même si le saint lui-même reste méconnaissable. Par contre, la personne de gauche apparaît clairement avec un dessin net et des couleurs vives. Son visage est tourné vers le cercle entourant la croix d’or et ses mains sont tendues vers la croix dans un geste de prière, de révérence, de crainte, d’admiration et de joie. Son nom se voit aussi très nettement, écrit en langue copte. C’est Saint-Jacques, le frère de Dieu. Sa tête est entourée d’un halo de lumière, il porte une tunique rouge et une toge bleue, sa main levée vers la croix, à droite.
Abgar, Roi d’Edesse et l’Empereur Constantin
Ce dessin a été découvert dans le premier chœur de l’église des Syriaques, sous le dôme central. Dans cette partie du chœur, de nombreuses scènes ont été découvertes après qu’une couche de plâtre ait été retirée au XVIIIe siècle après J.C., dans trois fenêtres condamnées, semblables aux fenêtres qui sont sur les murs. Deux de ces scènes se trouvent sous le dôme central et datent du Xe siècle après J.C. Située parmi les fenêtres du haut, la première scène représente le roi Abgar d’Edesse et l’empereur Constantin le Grand. Il a été possible de les identifier grâce aux écritures syriaques au bas de chaque panneau. Le dessin de droite montre un personnage monté sur un cheval noir orné de couleurs. Rien ne permet d’identifier ce chevalier, ses traits ayant été complètement effacés. Néanmoins, dans la partie supérieure, il apparaît tenant une lance; ce qui peut faire déduire qu’il s’agit d’un ancien guerrier. Au-dessus du même personnage se trouvent des formes semi-circulaires dans le ciel, décorées d’étoiles. Dans les demi-cercles, il y a une croix qui rayonne de lumière. Le texte en dessous, en langue syriaque, explique que ce roi après avoir vu le signe de la croix dans le ciel, a cru en le Seigneur Jésus Christ ; ce qui montre clairement qu’il s’agit bien là de la vision de l’empereur Constantin le Grand qui l’a conduit à se convertir au christianisme.
Quant à l’espace entre les fenêtres du côté gauche, on y trouve un tableau dont il ne reste qu’une petite portion dépeignant un morceau de tissu et une partie de tête entourée d’un halo de lumière. Les indications du dessin ainsi que l’iconographie de la scène démontrent qu’il représente le roi Abgar d’Edesse. L’inscription au bas du tableau le confirme d’ailleurs bien, relatant une histoire héritée par les anciens. Le récit raconte qu’il y a longtemps de cela, le roi Abgar aurait été guéri d’une maladie incurable après avoir reçu une icône à l’effigie du Christ.
Fresque de l’Assomption de la Vierge Marie
Sous les peintures des deux rois, Abgar et Constantin et au-dessus de la porte du sanctuaire principal, une autre scène a été révélée qui dépeint l’Assomption de la Vierge Marie (art copte) représentée en deux étapes : l’assomption de son corps au ciel puis le Christ et la Sainte Vierge assis sur le trône. Plusieurs vestiges de dessins représentent le départ de la Vierge Marie au ciel.
A l’extrême gauche se trouve une autre représentation de l’Assomption de la Vierge, où elle est allongée entourée des douze disciples, alignés sur deux rangées autour de son lit. Six femmes sont également présentes, trois dans chaque rangée. Ces femmes sont appelées les vierges, sans être spécifiquement nommées.
Au dos du lit, se tient une grande créature ailée, très probablement l’archange Michael connu pour être celui qui accompagne les âmes des défunts. Il reste d’ailleurs quelques lettres de son nom. L’archange est positionné comme s’il voulait recevoir l’âme de la Vierge Marie.
À l’extrême droite, se trouve un dessin d’un groupe de personnes qui regardent avec ahurissement le corps de la Sainte Vierge. Sur les bords supérieurs se trouvent des inscriptions coptes. Cette scène, qui date du Xe siècle après J.C., est considérée comme l’une des plus anciennes fresques de l’Assomption de la Vierge Marie.
Au milieu, une autre peinture dépeint le Christ avec la Vierge assise à sa droite. Il lui tient la main gauche, la soulevant vers le haut comme pour symboliser la dignité de Marie. A la gauche de la main de la Vierge se trouve le soleil tandis que la lune se trouve à la droite de la tête du Christ. Cette scène évoque l’Assomption de la Vierge au ciel et la réception par le Christ de son corps et de son âme pure.
Saint Philippe et l’Eunuque d’Ethiopie
Ce dessin apparaît dans le premier chœur de l’Eglise des Syriaques, sous le dôme, comme nous l’avons expliqué précédemment, et à côté de la scène de l’empereur Constantin et du roi Abgar, se trouvent trois fenêtres dans le mur-sud.
Entre une fenêtre maintenant condamnée et une autre à droite, sur la partie sud du mur, se trouve une scène montrant un homme imberbe assis sur un char à deux roues et portant une inscription copte représentant le livre d’Isaïe.
D’autres écritures, qui signifient « l’homme brun qui vient du Royaume de Koush », se trouvent à la droite de ce personnage. La peinture relate la Prédication et le Baptême de l’Eunuque éthiopien et ministre de Candace, reine d’Ethiopie, par Saint-Philippe ainsi que sa prédication du christianisme. Ce récit biblique est raconté dans les Actes au chapitre 8 (Ac 8, 25-36). La première scène représente la rencontre entre saint Philippe et l’Eunuque éthiopien monté sur son char. Philippe monte avec lui et s’assied pour lui lire et lui expliquer le livre d’Isaïe le prophète. Saint-Philippe est dépeint avec une main soulevée, en référence au discours qu’il est en train de tenir.
Quant à la deuxième scène du récit, elle est représentée sur le même mur et au même niveau. Datant du Xe siècle après J.C., elle montre la foi croissante des populations dans le christianisme, comme l’Eunuque éthiopien qui s’est converti avec l’aide de Saint-Philippe l’Evangéliste.
Saint-André l’Apôtre et les Cannibales (à têtes de chiens)
En bas, entre la fenêtre gauche du chœur et celle du centre, se trouve une scène qui semble déroutante à première vue. Un homme debout aux cheveux gris s’adresse à cinq personnes avec des têtes de chiens. La scène pourrait représenter Saint-André prêchant dans un pays habité par des cannibales.
Entre la fenêtre du milieu et celle de droite, il y a une autre scène de baptême dans laquelle le même homme, soit Saint-André, baptise deux cannibales. Leurs visages transformés alors en visages humains. On pense que le but de cette scène est de montrer le service de Saint-André parmi les païens, qui se sont détournés de leur nature brutale après le baptême.
Saint-Grégoire l’Eclaireur
Dans le premier chœur de l’Eglise des Syriaques, entre les deux fenêtres ouvertes sous le dôme du côté-nord, on voit l’épaule d’une personne et une partie d’un halo de lumière. Sur une inscription à la droite de ce personnage, entièrement préservée, on peut lire: Saint-Grégoire l’Arménien et Saint-Grégoire l’Éclaireur. Et parce qu’il était très connu pour prêcher le christianisme en Arménie, on peut considérer que les vestiges de cette scène sont analogues aux scènes du mur opposé, puisque leur sujet est lié à la foi, à l’évangélisation et au baptême.
Croix et Motifs Coptes
A droite de la fenêtre de droite, et à gauche de la fenêtre de gauche sous le dôme dans un coin du chœur, on a trouvé les restes de quatre croix de formes différentes, peintes principalement en rouge et vert, entourées d’un cadre de couleur rouge avec une rangée de points blancs et de lignes noires.
Il y a aussi quelques motifs coptes au-dessus de la fresque syriaque de l’Annonciation et de la Nativité, ainsi que le dessin de deux croix, de part et d’autre du dôme. En dessous, on trouve le dessin d’un paon dont on ne voit que la queue. A noter que le paon, dans l’art chrétien, fait référence à l’éternité.
Le Patriarche Damianos
Au milieu du mur-nord du premier chœur de l’Eglise des Syriaques, se trouvent des inscriptions représentant un patriarche représenté debout, au visage jeune avec une barbe noire. Vêtu d’habits sacerdotaux, il tient un livre et une bande de tissu rouge est drapée sur ses mains. Des deux côtés de cette personne, il y a des dessins architecturaux. Sur le côté gauche, se trouve un bâtiment sous forme d’une tour et qui pourrait représenter une église avec un escalier menant au premier étage de ce bâtiment. Sur le côté droit, un autre bâtiment entouré d’un mur avec une entrée mais il n’est pas clair à ce jour ce que ces structures signifient.
L’identification de cette personne reste également problématique, les écritures à côté de sa tête étant peu lisibles. Néanmoins, la manière dont il tient le livre devant lui ainsi que ce tissu rouge sur ses mains, nous rappellent l’icône de Saint-Marc du VIe ou VIIe siècle après J.C. qui se trouve actuellement à Paris. En observant les détails de sa robe, nous pouvons en conclure qu’il s’agit des habits d’un patriarche. Ses traits jeunes nous donnent à penser que cette peinture représente Damianos, 35ième patriarche d’Alexandrie (578 – 605 après J.C.) qui avait été ordonné relativement jeune. On pense aussi qu’il existe un lien entre lui et l’image de saint Bassanti, ordonné par le Patriarche Damianos, d’origine syrienne.
Le Catafalque Funéraire
Sur le mur-ouest du premier chœur, se trouve du côté-est une ancienne dalle de marbre rapportée par les moines du monastère de Saint Johannes Kama après sa destruction. Elle est considérée comme faisant partie du catafalque funéraire du saint Anba Johannes Kama, et présente 23 lignes qui lisent:
« Au nom de la Sainte Trinité, égale en essence, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. La transition de notre bienheureux père, Anba Johannes, s’est accomplie le vingt-quatrième jour du mois de Keihak, à la première heure de la nuit du vingt-cinquième jour, depuis la présidence d’Anba Cosman, archevêque d’Alexandrie et selon les arrangements de notre père, Abraham, à l’église de notre saint père, Anba Johannes. Dix mois après le départ de notre saint père, et selon la volonté de notre Seigneur, le père Stephanos, est également parti le neuvième jour du mois de Hatour, ce père qui est devenu le fils spirituel (d’Anba Johannes Kama). Et, dans la même année, ils sont tous les deux partis, dans la paix de Dieu, Amen. Et ceci en l’an 575 de la lutte des saints martyrs dans le royaume de notre Seigneur Jésus-Christ, Amen ». (859 après J.C.)
Sur la même pierre était inscrite cette phrase : « Nous demandons à ce que tu te souviennes de notre père béni, qui appartient au Seigneur Jésus-Christ, pour que repose son âme bénie. Amen, Amen ».